Groupe d’étude sur l’intersubjectivité (GEI)

Trois séminaires sur l’œuvre de Lynn Preston et Ellen Shumksy :

Expansion des concepts et du langage de la psychologie du soi dans une perspective intersubjective

Le paradigme postmoderne a remis en question des idées prises pour acquises en psychanalyse, celles d’objectivité, de neutralité, de vérité, de simple cause à effet, et de stades séquentiels de développement, privant ainsi les praticiens de la psychothérapie d’une base solide. Comprenant désormais l’expérience humaine comme étant fondamentalement interactive et intersubjective, la nature du processus thérapeutique devient définie comme un système bidirectionnel, mutuellement interactif, quoique asymétrique, lequel exige un engagement plus personnel et soutenu de la part du clinicien. Dans un monde dépourvu de « perception immaculée » (Stolorow, Atwood, et Orange), des concepts familiers ont perdu leurs fondements traditionnels. Nous sommes alors tentés de chercher dans d’autres approches des guides pour nous réconforter, des certitudes pour nous diriger, des principes fermes pour nous rassurer, et de pratiquer un éclectisme souvent incohérent.

L’idée de l’objectivité du thérapeute étant jugée obsolète en psychanalyse, nous avons besoin de nouvelles métaphores, d’un langage différent – un langage de systèmes et de processus plutôt que de vérités et d’entités – pour nous guider dans ces nouveaux méandres relationnels thérapeutiques. Nous avons besoin d’une révision de concepts familiers comme l’immersion empathique dans l’expérience du patient et l’authenticité du thérapeute, ou encore la responsabilité et l’autorité du thérapeute dans sa participation au processus d’influence mutuelle. Nous devons nous ouvrir à des idées venues d’ailleurs, à d’autres perspectives afin d’élargir nos capacités de compréhension et d’action thérapeutique. L’expertise du thérapeute passe du contenu au processus, et elle repose dans ses habiletés inhérentes à répondre à la singularité du moment et à la spécificité de la dyade analytique.

C’est le but de l’œuvre que poursuivent Lynn Preston et Ellen Shumsky en quête d’expansion des concepts et du langage analytique en lien avec l’entreprise postmoderne et l’exigence du plein engagement du thérapeute dans la relation avec son patient. Utilisant comme point de départ conceptuel leur théorie « mère », la psychologie du soi psychanalytique, ces auteures s’inscrivent dans le processus de fertilisation croisée entre cette première théorie et celle des systèmes intersubjectifs et autres théories relationnelles. Dans un paysage conceptuel plus que jamais pluraliste, elles explorent ce qu’elles appellent une sensibilité intégrative, un idéal que le thérapeute psychanalytique d’aujourd’hui aurait besoin de développer, c’est-à-dire, « une relation dialogique, ouverte, respectueuse envers l’altérité, qui nous encourage à considérer et à incorporer de manière sélective des idées voisines ». Elles proposent un « langage de l’expérience », c’est-à-dire un langage qui vient plus directement du vécu, des mots qui nous touchent davantage, afin d’établir des ponts intégratifs avec d’autres perspectives. Leur réflexion représente un phare qui guide le thérapeute dans la complexité des situations thérapeutiques.

1. Différencier la posture empathique du thérapeute de l’empathie bidirectionnelle dans la relation thérapeutique;
2. Définir les notions d’autorité et de responsabilité du thérapeute dans une perspective psychanalytique postmoderne;
3. Définir les attitudes du thérapeute favorables au développement d’une sensibilité intégrative des perspectives théoriques.

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