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La mutabilité de l’expérience humaine à travers le temps : de l’émergence de la subjectivité à l’intersubjectivité

Avec Gabriel Lepage, T.S. psychothérapeute et Annette Richard, L.Ph. (Ps.)

Cette activité est reconnue par l’Ordre des psychologues du Québec pour 6 heures de formation continue en psychothérapie. No OPQ : RA06039-24.

Notre compréhension du monde et notre capacité à penser sont toujours façonnées par notre histoire et notre contexte social et culturel (Taylor, 1989). Nos connaissances sont toujours issues d’un cadre conceptuel, dominant selon l’époque, qui permet leur émergence tout en traçant leurs contours (Taylor, 2005). Par exemple, depuis le début de l’époque moderne, le dualisme cartésien semble avoir déterminé notre compréhension du monde à partir d’une dichotomie entre l'esprit et le monde physique (Taylor, 2005). Cela a permis l’émergence de la psychologie contemporaine où l’expérience subjective est décrite et vécue à partir d’une distinction fondamentale entre un soi « intérieur », qui nous appartient, et un monde « extérieur ». L’influence de cette manière de penser est si profonde qu'il est difficile d’imaginer qu’il puisse en être autrement (Taylor, 2005). Or, malgré son immense potentiel théorique et technique, cette manière de voir saisit difficilement la complexité inhérente aux phénomènes humains et peut rendre aveugles à une réalité complexe et nuancée (Morin, 1990). Dans le cadre de la psychothérapie, cette restriction se manifeste dans des explications réductionnistes, et dans l’appréhension de l’expérience du thérapeute vécue comme en dehors et séparée du système relationnel menant à une posture d’expert, d’autorité et, donc, non-impliqué dans le processus relationnel. Cela soulève des questions importantes sur la manière dont la psychothérapie peut répondre aux besoins relationnels des personnes en quête de sens et de connexion.

En réponse à ces limites du dualisme cartésien, la compréhension de l’intersubjectivité comme fondement de l’expérience personnelle, autant celle du patient que celle du thérapeute, permet notamment d’éviter ces pièges. Le thérapeute est ainsi compris comme un partenaire dialogique et relationnel pleinement impliqué dont la posture est d’abord et avant tout une manière d’être relationnelle qui mène alors à l’égalitarisme, l’esprit dialogique et l’ouverture inévitable à la vulnérabilité intersubjective (Orange, 2009).

Comment pouvons-nous intégrer cette perception, ce « voir-autrement », dans nos pratiques? Même quand nous voulons ce « voir-autrement », celui-ci est tellement à contre-courant du cadre conceptuel dominant dans notre société qu’il est difficile à intégrer. Reconnaître l’émergence historique de cette vision de l’humain comme un « être-dans-le-monde » (Heidegger) et de notre insertion inéluctable et continue dans les systèmes relationnels peut aider à ébranler nos perceptions et nous aider à les changer. Cette vision philosophique a le potentiel de changer non seulement la compréhension psychologique de l’être humain, de son développement et de sa souffrance, mais aussi de changer profondément nos pratiques cliniques, et même le vivre-ensemble social.

Au cours de cette journée de formation, Gabriel Lepage offrira des exposés relatant l’émergence historique de cette vision philosophique, et Annette Richard lui servira d’interlocutrice afin de rendre le contenu plus dynamique et accessible. Les exposés didactiques seront suivis de périodes d’échanges en plénière et en sous-groupes.

L'horaire inclut deux pauses de 20 minutes et une heure de lunch (sur place)

1. Reconnaître les manifestations historiques de la mutabilité de l’expérience humaine et la manière dont elle est influencée par les cadres conceptuels dominants ;
2. Identifier et analyser les limites du cadre conceptuel issues du dualisme cartésien pour la pratique de la psychothérapie ;
3. Décrire les risques associés à une approche thérapeutique dominée par l'expertise, l'autorité et le réductionnisme ;
4. Expliquer comment l’intersubjectivité ouvre sur l’égalitarisme, le dialogue et la vulnérabilité partagée en psychothérapie.

Caroline Dumont, psychologue, administratrice
Gabriel Lepage, travailleur social psychothérapeute, administrateur
Annette Richard, psychologue, administratrice